Quand les abeilles rêvent d'immortalité
Comme les organismes unicellulaires, le superorganisme se produit en se divisant.
C'est au cours de l'essaimage lorsque la reine et un tiers de ses filles quittent la ruche qu'il engendre une copie de lui même, une nouvelle colonie qui possède toutes les caractéristiques de la colonie mère.
Le superorganisme est potentiellement immortel.
Etrangement, cette éternité passe par le renouvellement permanent de ses membre. A l'exception de la reine qui peut vivre jusqu'à trois ou cinq ans, la totalité des abeilles est renouvelée en l'espace d'environ quatre mois 50 000 individus avec une mortalité quotidienne d'environ 500 abeilles. Les ouvrières ont une espérance de vie de 17 à 50 jours, voire plus, si elles naissent à l'automne et survivent jusqu'au printemps. Les mâles,eux, ne vivent que 2 à 7 semaines, chassés de la colonie lorsqu'après les mois d'abondance, les corolles se fanent et les sources de nectar tarissent.
Ce renouvellement de ses membres n'affecte pas l'identité du superorganisme, son patrimoine génétique étant précieusement conservé en la personne de la reine et en sa spermathèque, approvisionnée par différents mâles mais en une seule occasion, au cours de son vol nuptial. C'est le remplacement de la reine qui amorce le renouvellement génétique de la colonie.
Si l'inmmortalité de celle-ci est assurée par son mode de reproduction la division par essaimage, il n'en est pas de même de sa substance héréditaire. Les gamètes féminins et masculins qui l'abritent s'envolent avec la vieille reine lors de l'essaimage. Dans le nid en partie déserté, une nouvelle reine prend la relève de la précédente, qui sera fécondée par d'autres mâles.
A chacun de ces renouvellements de la mère, la colonie perd un peu de son patrimoine génétique. Ainsi perdure,en perdant son identité, la petite société des vierges laborieuses dont l'existence a bien failli mettre à mal la théorie de Darwin